« Bonjour, s’il-te-plaît, merci », voilà de nombreux mots de politesse que nous souhaitons inculquer à nos enfants. Si ces mots font partie de la vie en société il n’est pas toujours évident pour un enfant d’apprendre à les utiliser.
Aujourd’hui je souhaiterais questionner avec vous les excuses. Au cours de ma carrière j’ai beaucoup entendu de parents ainsi que des professeurs dire cette toute petite phrase à un enfant après un incident : « dis pardon ».
S’excuser comme dire bonjour fait certes partie des codes sociaux. Lorsque par accident on heurte quelqu’un : on s’excuse. Ne veut-on pas cependant développer chez notre enfant, au-delà du simple réflexe de s’excuser, une prise de conscience de l’impact de nos actions sur les autres et une empathie sincère ?
Pour ce faire, il me semble que demander à un enfant de « s’excuser » ne suffit pas, il faut alors l’aider à verbaliser ses émotions, l’aider à prendre conscience de son impact sur l’autre et l’aider à faire preuve d’empathie. Pour nous aider voici quelques exemples.
L’acte involontaire
Prenons un premier exemple : L’acte en question se passe de manière accidentelle, un enfant court dehors sans regarder devant lui et malencontreusement se heurte à un autre enfant qui tombe à terre.
Solution n°1 : « dis pardon ». L’enfant dit pardon puis s’en va.
Solution n°2 : nous l’aidons à poser des mots. « Il me semble que tu ne l’avais pas vu, c’est un accident ? Lorsque c’est un accident on peut dire ‘excuse moi je n’ai pas fait attention’ et aider la personne à se relever si elle en a besoin ». Abaissez-vous au niveau de l’enfant en vous accroupissant lorsque vous vous adressez à lui. Par cette petite phrase toute simple vous évitez d’être dans le jugement (« tu aurais pu faire attention ! ») et vous expliquez à l’enfant le code social de s’excuser en lui offrant lui-même de poser une action pour réparer son acte. Vous l’invitez aussi à prendre conscience de l’acte qu’il vient de poser et par la même occasion à développer son empathie.
Si l’enfant refuse de s’excuser verbalement, car c’est difficile et c’est un processus de maturation que d’être capable de pointer ses propres erreurs je vous invite à chercher avec lui une solution. Si celui-ci est capable d’aider l’autre enfant à se relever, il marque déjà sa responsabilité dans l’action et fait preuve d’empathie vis-à-vis de l’autre.
L’acte volontaire
Prenons un second exemple : l’enfant (Jeanne) blesse volontairement quelqu’un (Maxime).
Solution n°1 : « dis pardon » (ou alors la punition). L’enfant s’excuse ou est puni, puis l’incident est clos.
Solution n°2 : aider les deux enfants à communiquer. « Que s’est il passé Jeanne ? Je pense que tu as fait mal à Maxime, il pleure ». Nous ne sommes pas dans le jugement de valeur mais dans les faits. Jeanne pourra éventuellement exprimer sa frustration et ce qui l’a conduite à faire mal à Maxime. Peut-être même que Maxime reconnaîtra sa responsabilité dans l’altercation (peut-être n’avez-vous pas tout vu). L’importance ici est plus que les enfants prennent conscience de ce qui a causé l’altercation plutôt qu’ils s’excusent. Vous pourrez ensuite amener Jeanne et Maxime à communiquer l’un avec l’autre jusqu’à trouver une solution. Dans ce cas demander à Jeanne de « dire pardon » serait comme la déresponsabiliser et ignorer le fait qu’il y a eu entre les enfants une mésentente. On souhaite que l’enfant prenne conscience de l’impact de son comportement sur l’autre.
Mon enfant ne s’excuse pas, il n’est pas capable d’empathie ? Je suis un mauvais parent ? Peut-être ai-je été trop à l’écoute et pas assez strict ?
Votre enfant a des difficultés à dire pardon ? Mais il semble en avoir tout autant à faire preuve d’empathie, il refuse d’aider l’autre ou de communiquer lorsque vous l’y invitez ? Parfois même votre enfant sourit ou rigole dans ce type de situations ? Vous pensez alors : « je suis un mauvais parent, je n’ai pas d’autorité sur mon enfant, que va-t-on penser de moi ? »
Il est normal que votre enfant chemine au niveau de son apprentissage des codes sociaux, comme il n’est pas toujours évident pour un enfant de dire « bonjour » à un inconnu car il est gêné, il n’est pas toujours évident pour un enfant de s’excuser. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il est lui-même gêné de l’acte qu’il a posé.
Dans ce cas vous pouvez chercher différentes solutions. Premièrement vous êtes un modèle pour vos enfant, si lorsque vous commettez une action par accident vous vous excusez, si vous cherchez à aider l’autre, votre enfant sera alors sans doute plus à même de le faire lui-même. L’intégration de ce mécanisme et du réflexe de s’excuser se fera progressivement.
Vous pouvez aussi amener votre enfant à réfléchir à ce qu’il ressent lui dans ce type de situations.
« Qu’as-tu ressenti lorsque cet enfant t’a fait tomber et ne t’as pas aidé ? »
« Comment penses-tu que cet enfant se sent maintenant ? »
« Aurais-tu aimé cela toi ? »
Toutes ces petites phrases peuvent aider votre enfant à cheminer vers l’empathie et la compréhension de son impact sur l’autre.
Punir, pas une solution.
Punir un enfant qui refuse de s’excuser n’est pas forcément la meilleure solution. Ce que l’on risque de lui renvoyer comme message c’est que la punition efface la responsabilité de son acte : si je suis puni, je n’ai plus besoin de m’excuser ou de réparer mon action. La conséquence donc à mon acte envers quelqu’un est la punition alors que la conséquence réelle de cet acte est qu’un autre a été blessé et impacté par mon action. L’enfant est responsable de cela, aidons-le à en prendre conscience.